Nous allons vous parler aujourd’hui du thème fascinant des langues construites.
« Qu’est-ce qu’une langue construite ? » me direz-vous. Une langue construite est ce que nous appellerions une « langue artificielle », qui a été créée par une ou plusieurs personnes dans un temps relativement bref, contrairement aux langues naturelles qui se sont créées de manière largement spontanée.
Pour différencier les langues construites et les langues artificielles, l’on pourrait dire que :
– les langues construites sont créées par un groupe limité de personnes, voire par une seule personne, et leur processus de création s’étale sur un temps assez court. Leur création est volontaire, c’est-à-dire qu’elles ont un but précis.
– Les langues naturelles ont une origine souvent beaucoup plus ancienne. Elles se créent d’elles-mêmes à partir d’une langue-mère, par divers processus non planifiés de transformation et d’adaptation. Par exemple, le français et l’espagnol sont des langues latines, cela veut dire qu’elles se sont formées au cours du temps par évolution du latin (même si c’est loin d’être le seul « ingrédient » de ces langues).
Vous vous demandez peut-être pourquoi quelqu’un irait prendre la peine d’inventer une langue car cela semble horriblement compliqué. Mais en fait un des avantages des langues construites est qu’elles sont généralement plus faciles à apprendre, car elles n’ont pas héritées de toutes les irrégularités que l’on trouve dans les langues naturelles et qui sont le fruit de centaines d’années d’évolution historique. Elles peuvent être utilisées dans des buts très variés : création d’une identité (hébreu), simplification de la communication internationale (espéranto) ou création artistique comme (elfique).
Comment construire une langue ?
Pour ceux d’entre vous aimeraient devenir des conlangers (mot inventé par les anglophones pour désigner les créateurs de langues), la Language Creation Society a mis au point une librairie virtuelle (en anglais) afin d’aider les débutants à découvrir l’art des langues construites.
Plus simplement, il ne faut pas oublier qu’une langue, quelle qu’elle soit, se construit autour de 5 axes : une écriture, un système phonologique, un lexique, une grammaire et une culture de référence. C’est aussi bien le cas pour les langues construites que pour les langues naturelles. Ça n’a pas l’air si compliqué, non ?
Langues construites et interculturel
D’un point de vue interculturel, les langues construites pour faciliter la communication internationale sont un outil clé. Plus « simples » que les langues naturelles, elles permettent de créer un référentiel commun et d’éviter toute ambigüité lors de situations de communication très importantes. Pourtant, une erreur est souvent commise dans leur création : pensant qu’il s’agit avant tout de langues-outils destinées à combler les écarts entre différentes cultures, leurs créateurs oublient souvent de les doter d’une culture propre.
Or, une langue qui n’aurait pas de racines dans une culture précise peut-elle réellement répondre aux besoins de communication de ceux qui la parlent ? Les subtilités peuvent-elles réellement transparaître ? Toute la profondeur d’une langue n’est-elle pas liée à la culture qui lui est sous-jacente ?
Nous pensons que c’est peut-être cette faiblesse qui a plus que tout nui à l’espéranto. Peut-être est-ce même la raison pour laquelle les organisations internationales préfèrent utiliser un anglais extrêmement simplifié et codifiés (qui ne laisse pas de place aux ambigüités) plutôt que cette langue qui aurait pourtant parfaitement correspondu à leurs besoins ?
Sources : http://en.wikipedia.org/wiki/Constructed_language ; http://www.esperanto.net/info/index_fr.html